Le Tiers espace, lieu de tramua(s) et de création littéraire dans la mémoire tatouée de Abdekebir khatibi, de l'infante maure de mohammed dib, de Allah n,est pas obligé de Ahmadou Kourouma

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Date

2022-05-31

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Universite Mouloud MAMMERI Tizi-Ouzou

Abstract

Dans le cadre de ce présent travail de recherche qui s’inscrit dans le domaine des littératures postcoloniales, nous tenons à approcher le concept de postcolonialité, d'abord dans le sens des diverses conséquences et séquelles liées à la colonisation. En d'autre termes tout ce qui se rapporte au Trauma colonial. Mais ensuite, nous tenons particulièrement à approcher la littérature postcoloniale comme outils essentiels du dépassement du Trauma et comme phénomène d'ouverture et de création singulière. Les études postcoloniales dans le monde francophone sont peu importantes, ce qui justement a motivé notre recherche à vouloir enrichir davantage le champ francophone à travers une analyse qui dépasserait le conflit colonial pour s’inscrire dans une optique où les littératures postcoloniales sont synonymes de richesse, d’ouverture et de création. HomiBhabha, (à côté d'autres théoriciens bien évidemment) représente le théoricien phare de notre recherche, à qui nous empruntons nos deux concepts clés : le tiers espace et l'hybridité dans la théorie postcoloniale. Le colonialisme est en effet un choc culturel, un trauma identitaire et psychique profond, une blessure humanitaire ineffaçable, ce contact conflictuel, selon Bhabha, transforme les sujets impliqués, et génère l’apparition d'espaces, d'individus, de langues et de cultures hybrides. L’hybride, selon Bhabha, est un produit issu de deux entités contradictoires et en perpétuel tensions . Ainsi, l'espace postcolonial hybride est le lieu de rencontre-tension d'une diversité de cultures qui se croisent, s’entrechoquent et s’altèrent du fait du contact l'une de l'autre. L'hybridité au sens bhabhaien du terme, apporte une révolution et une dimension nouvelle dans le domaine des études postcoloniales : plutôt que de se retarder à vouloir contraster et insister sur les oppositions binaires, (oppresseurs/opprimé, dominant/dominé, centre/périphérie, Orient/Occident) il serait plus judicieux de dépasser le Trauma et d'envisager de nouvelles manières d'être au monde. Ainsi, dans notre travail de recherche, l'accent est porté précisément sur l'hybridité (ou sur le fruit de l’entrechoc, le produit du Trauma) sur laquelle il faut justement se focaliser. Bhabha situe l'ère postcoloniale dans ce qui l'appelle l'au-delà (beyond). Il estime que cet au-delà ne désigne ni dépassement du passé ni nouvel horizon pour reprendre ses propres termes, mais plutôt un moment de transit. Ce lieu de transit (l'au-delà) est appelé interstice, ou espace interstitiel (in betweenspace), cet espace entre les espaces de tension et qui échappe à tous les binarismes conflictuels transcende justement l'entre-deux et préfère un troisième espace. Cet espace ne dissipe ni les différences ni les contrastes, mais celles-ci cessent d'être une source de conflit et de malaise, car elles ne sont plus vécues comme tensions ni comme déchirement. Cet espace, appelé par Bhabhatiers espace, est un espace de négociation, un au-delà des conflits et des tensions, au-delà du Trauma, voire une progression et une transition vers un futur hybride. C’est pourquoi il nous a semblait judicieux de prendre comme titre de notre travail de recherche : « le tiers espace, lieu du trauma et de la création littéraire ». Où, justement dans cet espace de dépassement, la réconciliation entre trauma et création est possible. Plus encore, où, la création est réalisée à partir du trauma. Les trois œuvres étudiées notamment : La mémoire tatouée d’AbdelkébirKhatibi, L’infante maure de Mohammed Dib et Allah n’est pas obligé d’Ahmadou Kourouma, se classent donc dans une littérature-monde de par leur caractère ouvert, polyphonique et rhizome, ce sont les œuvres de l'hybride par excellence. Partant de la problématique du Trauma, nos auteurs se posent donc comme explorateurs et inventeurs d'une identité nouvelle. C’est pourquoi dans le cadre de notre recherche, nous nous interrogeant sur la question du Trauma, pour voir la manière à travers laquelle il se manifeste. Pour déterminer quels sont ses aspects et ses enjeux. Comment est-il représenté dans le texte littéraire ? Dans quel but le Trauma est-il exposé et puisé dans la littérature postcoloniale ? Afin de répondre à cette problématique nous nous penchons sur différentes probabilités. En premier lieu, le Trauma pourrait se manifester dans les textes sous forme d'une mise en évidence du malaise identitaire, du déchirement culturel, de l'errance et de la perte des repères, du délire et voir du dédoublement. A dire que le Trauma pourrait mettre à nu tout éclatement des êtres hybrides et toutes conséquences désastreuses liées au choc colonial ou postcolonial. En deuxième lieu, la question du Trauma pourrait parfaitement se rattaché au texte littéraire lui-même. Ainsi, différents aspects et enjeux dans ce cas, peuvent être représentés à travers une poétique du Chaos ou le roman lui-même et a même l'image de l'être, et des individus hybrides postcoloniaux serait en crise : fragmentation, déconstruction, subversion et même éclatement pourront être les éléments constructeurs/déconstructeurs d'une telle poétique. Enfin si nous nous attardons sur la réflexion du "pourquoi" par rapport à la poétique du Trauma. Nous supposons que le but serait d'amener tout lecteur à voir la nécessité et l'urgence d'un dépassement. L'exposition du Trauma pourrait en fin de compte aspirer à trouver une solution, un remède ou une ouverture. Afin de répondre à nos questions du départ, nous avons jugé utile de deviser notre recherche en trois parties principalesintitulées successivement Genèse et essence du trauma chez l’hybride, Fragmentation oumanifestation du trauma dans l’être et dans l’œuvre, et Letiers espace ou l’au-delà du Trauma.Où, nous essayerons de répondre à chaque fois à une hypothèse. Dans la première partie, nous tenterons d’explorer différentes pistes afin d’y voir dans l’ensemble de notre corpus, les origines du Trauma chez l’hybride. Ainsi, dans le premier chapitre, nous verrons la question du déchirement identitaire, notamment à travers la crise existentielle et le doute anthropologique vécus atrocement par l’hybride postcolonial. L’aliénation coloniale, le problème d’invisibilité ou paradoxalement un excès de visibilité, discrimination et mythe de la pureté raciale, ou encore le malaise de la « non-appartenance » serons les thèmes préambules de notre recherche. La problématique du « nom propre » ou la filiation anti-généalogique serons les fils conducteur du doute anthropologique qui s’étendra jusqu’à la deuxième partie en entrainant d’autres aspects qui entrerons en jeu dans l’identité troublée et déconstruite de l’hybride. En deuxième lieu, la question de la culture sera abordée. En effet, le déchirement de l’entre-deux représente l’un des marqueurs du Trauma par excellence. L’hybride à la croisée des cultures, à cheval entre plusieurs univers symboliques, entre différents régimes religieux et profanes, entre tradition et modernité, entre nous et autres, entre communauté et occident et bien d’autre dichotomies qui font que l’hybride reste enfermé dans une condition invivable, condamné à assembler et à converger les extrêmes, des bribes de chaque entité faisant l’essence même de son l’identité morcelée et fragmentaire. Dans le deuxième chapitre, nous établirons une analyse focalisée sur la question prégnante de l’espace. En effet, on ne peut faire l’impasse sur la question de déterritorialisation en contexte postcolonial, où l’espace a été dérobé, profané, arraché, meurtri. Où les « nôtres » ont été irradiés et les Autres se sont emparé et accaparé de la terre, du territoire, de l’espace. Un trauma profond lié à l’espace est présent chez l’hybride postcolonial : l’étouffement, l’être perdu, le complexe du labyrinthe, la spirale de l’errance, la fuite, l’exile représentent les signes primaires du trauma spatial. De plus, nous démontrerons la manière selon laquelle l’hybride est en perpétuelle quête d’un centre du monde, d’un refuge stable et rassurant sur lequel il peut s’appuyer solidement. Ainsi, le déchirement spatial se fait principalement entre tantôt chaos, tantôt cosmos. La conception de l’autochtonie et du rapport à la mère tellurique, l’arbre comme centre du monde cosmogonique ou encore la maison natale onirique, sont les tentatives et les stratégies de construction de l’espace chez l’hybride. L’influence considérable du postmodernisme pousse les postcoloniaux à envisager le monde autrement : le retour vers Soi, l’introspection et la crise du sujet si chers à la pensée postmoderne, représentent les nouveaux thèmes qu’épouse le mouvement postcolonial. Dans le cadre de la deuxième partie de notre recherche, nous allons nous focaliser sur un concept clé : « la fragmentation ». C’est justement ce qui a motivé notre orientation vers le courant postmoderne. En effet, la manifestation du trauma se fait de manière explicite dans la structure formelle des trois romans de notre corpus (et dans la littérature postcoloniale en générale), le fragmentaire est donc prégnant et englobe à la fois l’identité, l’Etre, la société, et l’œuvre. La manifestation de l’hybridité épouse cet aspect chaotique et fragmentaire des romans de notre corpus, qui se trouvent être des romans en crise car non seulement ils exposent des histoires, des narrations, des identités, des personnages en crise mais ce sont les romans eux-mêmes et leurs structures qui sont en crise, une sorte de mise en abime de la crise (la crise dans la crise). Dans la deuxième partie, nous nous bornerons à exposer la manifestation du trauma chez l’hybride. Ainsi, nous démontrerons à quel point l’identité et plus exactement l’Etre de l’hybride est mal mené et morcelé jusqu’au délire. En premier lieu, nous avons jugé utile d’évoquer que dans l’ensemble de notre corpus, il s’agit de protagonistes enfants. La voix et l’univers infantiles occupe la majeure partie des trois romans. Il serait évident d’en exploiter les enjeux et les aspects traumatiques sur les personnages enfants. Nous analyserons de ce fait la fragmentation de l’Etre au niveau du dédoublement identitaire et du « récits d’enfance » entant que jeu de multiplicité identitaire. De plus, et pour rester dans le trauma chez l’enfant (personnages), nous partirons sur l’étude de la structure familiale éclatée. L’abandon, l’errance et la figure de l’orphelin seront à l’honneur. La futurisation de l’archétype, l’œdipe inachevé et le complexe de castration liés à la figure paternelle seront exposés afin de répondre à la question du « comment se manifeste le trauma chez l’hybride ? » Ensuite, dans le deuxième chapitre, nous essayerons de faire le lien entre morcèlement identitaire et fragmentation textuelle. Pour étudier l’impact de la fragmentation de l’Etre sur la fragmentation de l’œuvre, nous séparerons notre chapitre en trois parties : premièrement, au niveau de l’écriture, qui témoigne à la fois du trauma chez l’hybride. Mais pas seulement, nous verrons que l’écriture possède un pouvoir provocateur, subversif et déconstructeur. Deuxièmement, au niveau des récits, à travers : l’enchâssement, la spirale, l’éclatement des voix narratives ou encore l’espace anti-diégétique. L’aspect labyrinthique des textes et le déséquilibre structural seront beaucoup plus du côté de la forme romanesque. Enfin, nous analyserons une forme bien spécifique du fragment « le symbolique ». Ainsi, l’évocation des miroirs brisés, des sociétés départagées, des guerres tribales et des morcèlements des corps déchiquetés et démembrés, représentent les champs sémantiques du fragment et de l’émiettement. Dans la troisième partie qui sera l’aboutissement de notre travail de recherche, nous tenterons d’apporter des réponses quant à la question de la mise en scène du Trauma dans les littératures postcoloniale. Nous ferons donc le tour de pensée postcoloniale et de l’hybridité sous un nouvel angle. Nous exposerons les pensées de théoriciens et critiques postcoloniaux tels que : Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau, HomiBhabha ou encore AbdelkabirKhatibi, et bien d’autres auxquels nous ferons appel dans notre travail de recherche. Nous nous concentrerons sur des concepts clés tels que le Tout-Monde, la créolisation, la mondialité, l’identité rhizome, la Relation et l’altérité, la langue Echo-Monde, le cosmopolitisme vernaculaire, la poétique de la Relation ou l’écriture du Chaos-monde et de la démesure, pour arriver enfin au concept du tiers espace. Nous démontrerons ainsi l’apport du concept d’hybridité pour la théorie postcoloniale en termes de richesse, d’ouverture et de création. Dans le deuxième chapitre, nous analyserons l’hybridité langagière dans la conception de la langue « Echo-Monde » le code du tiers espace où, nous essayerons de faire le tour sur la question de l’appropriation de la langue, de l’hétérolinguisme ou du multilinguisme pour reprendre Edouard Glissant. Et enfin, nous parlerons du concept d’interlangue, d’invention et de création langagière unique. En dernier lieu, nous puiserons dans le potentiel de la création littéraire postcoloniale qui, trouve dans le concept d’oraliture toute une richesse d’invention et d’innovation, le mode exclusif du tiers espace, un mode essentiellement vernaculaire conciliant entre littérature et oralité. Nous exposerons dans ce chapitre les différentes manifestations et finalités du discours oral. D’autant plus, nous démontrerons la dimension hybride du texte par excellence, celle puisée dans le mélange et la confusion des genres littéraires dans le romanesque. Pour conclure à la fin par l’étude de l’importance de l’instant présent dans l’inscription de l’identité relationnelle dans la scène du monde contemporain. Enfin, nous tenons à démontrer à la fin de notre travail que le tiers espace serait donc le lieu de création à partir du Trauma.

Description

314f. ; 30cm. + CD Rom

Keywords

Mohamed Dib : Infante maure, Création littéraire, Abdelkebir, Khatibi : mémoire tatouée, Ahmadou Kourouma : Allah n'est pas obligé, Postcolonialité

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