Profil du dopage sportif en Algérie. : Contrôle anti-dopage dans le sport de compétition enquête connaissances, attitudes et pratiques (CPA) auprés des acteurs du sport
Abstract
Introduction : Depuis quelques années, le dopage sportif occupe une place importante dans l'actualité
sportive. Si ce domaine est bien traité dans de nombreux pays, en Algérie, la situation est bien plus
lacunaire. Il soulève un certain nombre de questions sur la connaissance du phénomène, de sa prévalence,
son ampleur mais aussi de ses acteurs.
Méthodologie : Notre étude, première en Algérie, de type descriptif, a porté sur l’évaluation de l’état des
lieux du dopage sportif, réalisée sur la base de deux enquêtes complémentaires. Une première enquête a
concerné le contrôle antidopage sur la base d’analyses d’un échantillon de 590 prélèvements urinaires chez
des sportifs sélectionnés, toutes catégories et toutes disciplines confondues, au cours d'une période de trois
années (2013 à 2015). Une seconde enquête de type connaissances, attitudes et pratiques (CAP) par
questionnaire anonyme et auto administré, a été réalisée parallèlement sur un échantillon de 1740 acteurs du
sport algérien, répartis entre 738 lycéens sportifs, 104 médecins du sport et 898 pharmaciens d'officines.
Résultats et discussion : Le dopage, en Algérie, est bien plus répandu que ne le laissent présager les
résultats des contrôles antidopage avec une prévalence de cas positifs de 2.3%. Les déclarations de conduites
dopantes des lycéens sportifs (16,4%) et les résultats de recherche urinaire de cannabis (4,7%), laissent
penser que la prévalence réelle est bien plus élevée. Ces données sont, en concordance, avec celles
rapportées par nombre d’enquêtes internationales. En effet, les pourcentages de contrôles positifs rendus
publiques, chaque année, par l'Agence Mondiale Antidopage oscillaient entre « 1 % et 2 % » au niveau
mondial. Cependant, les enquêtes par questionnaire standard, menées par certains auteurs donnaient des
estimations plus élevées entre « 1 et 15% » [59, 104, 105].
Les données rapportées par les professionnels de santé confortent, par ailleurs, cette réalité du dopage parmi
les sportifs algériens. En effet, 23,3% des médecins enquêtés ont affirmé avoir été interpelés pour des
conseils sur les produits dopants ; 35,4% des pharmaciens ont reçu directement une demande
d’approvisionnement durant les 12 derniers mois précédant l’enquête.
De façon générale, les acteurs du sport algérien méconnaissaient le dopage et la réglementation en vigueur.
Seuls, les médecins, activant dans le domaine du sport, présentaient un niveau de connaissances,
relativement bon. Le sujet du dopage a été rarement abordé durant le cursus scolaire, universitaire et/ou
sportif.
Pour améliorer leurs performances, nos sportifs consommaient une variété de produits qui ne sont pas
forcément interdits, à l’instar des protéines et des vitamines. Les substances prohibées ont été,
principalement, représentées, par les stéroïdes anabolisants, les glucocorticoïdes, les diurétiques, le cannabis
mais, également, les hormones peptidiques. Les sports, essentiellement, touchés par la consommation de ces
produits, ont été l’athlétisme, le cyclisme, le handisport, les sports collectifs (football) et les sports de force
(haltérophilie et power-lifting).
Conclusion : Les résultats rapportés par notre étude, bien que non exhaustive, suscitent une véritable
préoccupation quant à l’ampleur du problème du dopage en Algérie. Il apparait nécessaire et opportun
d’engager une stratégie de prévention ciblée et de revaloriser le «sport-santé», afin d’améliorer les
connaissances des sportifs en particulier et des acteurs du sport de façon générale, de corriger leur
comportement à l’égard du dopage et, in fine, de prévenir la propagation de ce dernier.
Mots